Canton de Landa au Togo : Le combat des femmes pour le retour de la forêt originelle

Le canton de Landa dans la préfecture de la Kozah (Kara) et le village qui porte le même nom (Landa) sont la parfaite illustration de l’importance de la forêt pour les populations. Landa est né grâce à une forêt. Si les peuples tirent leurs moyens de subsistance des forêts, cela est parfaitement justifiable. Mais, que deviennent ces forêts ? Qu’est devenue la forêt à l’origine de la naissance de Landa ? Que fait la population de Landa pour continuer à vivre en harmonie avec l’environnement ?

Landa est situé à environ 68 km à l’Est de la ville de Kara, dans le Nord du Togo. La population de ce canton tourne autour de 6000 habitants/km2. Le canton de Landa est constitué de six villages dont Landa qui est le chef-lieu de canton. Il est situé dans la commune Kozah 1. La population pratique essentiellement l’agriculture. Une route goudronnée menant vers le Bénin voisin permet de rallier facilement ce canton en moins d’une heure, en passant par le canton de Lassa.

Mais ensuite, une piste rurale bien aménagée conduit le visiteur vers le village de Landa. Le sol de couleur rougeâtre est rugueux et caillouteux. Même si des constructions modernes commencent à s’installer dans le village, des cases rondes en terre battue et couvertes de pailles sont encore visibles dans le paysage. Selon des spécialistes, ces cases sont meilleures pour rafraîchir naturellement les habitations et résistent mieux aux vents violents. Malheureusement, ce savoir traditionnel est en voie de disparition au profit d’une certaine modernité.

En cette saison des pluies, la végétation est florissante. La couleur verte s’impose. Et pourtant, Landa a été énormément déboisé au fil des années. A Landa, il y a aussi des écoles ; une Unité de soins périphérique (USP) ; un marché dont les constructions sont traditionnelles et quelques-unes modernes ; le Centre régional d’éducation et de formation de la femme qui accueille les événements importants, notamment les formations, les événements ; un terrain de football qui accueille la cérémonie initiatique Evala en 2023.

Le président de la République Faure Gnassingbé ou son représentant y est attendu. A Landa, la population pratique aussi la transformation de certains produits issus de l’agriculture, le maraîchage et le commerce. Landa est entouré de montagnes, et le paysage tout autour est splendide. C’est dans ces montagnes que vivaient les ancêtres des populations du canton de Landa. Selon les explications fournies par les gardiens des us et coutumes, ceux-ci descendaient régulièrement pour chercher de la nourriture dans la forêt environnante.

« Nos ancêtres sont venus de Kouméa. De là, ils sont allés vers l’Est. Ils ont constaté qu’il y avait des terres très cultivables par ici. C’était aussi plein de végétation. D’où le nom Landa (dans la forêt). Ayant aussi constaté qu’il y avait des animaux sauvages dans la forêt, ils y allaient pour chasser. Ils ont alors décidé de s’installer dans la zone », nous a confié Katadi Atiyota, chef du village de Landa.

Au fil du temps, les activités humaines ont fait que la végétation a beaucoup disparu. Il subsiste des zones boisées que l’on a transformées en forêts sacrées pour éviter que les populations ne les saccagent aussi. « L’on a détruit le couvert végétal, mais personne n’a le droit de toucher les endroits déclarés ‘’forêts sacrées’’ », a assuré le chef Katadi Atiyota. Cette situation n’est pas sans conséquences sur le vécu de la population surtout dans un contexte de changement climatique.

« Avant, à partir du mois de mars, l’on plantait le petit mil, et l’on faisait la récolte en juin. Mais, actuellement, il faut attendre le mois de mai pour espérer des pluies et semer », témoigne le chef Katadi Atiyota. Le chef du village pense qu’il faut planter des arbres chaque année pour éviter la disparition complète de la couverture végétale et continuer ainsi à bénéficier des bienfaits de la nature.

Le combat est difficile, certains ne pensent qu’à leurs intérêts au détriment de la forêt. Toutefois, les femmes de Landa ont décidé de s’impliquer fortement, de prendre le taureau par les cornes et d’être les pionnières de la reforestation du village de Landa et de tout le canton de Landa.

Les femmes se battent pour un futur meilleur à Landa !

Les femmes du village de Landa se sont constituées en groupements et mènent diverses activités champêtres. Ces activités étant étroitement liées à la protection de la biodiversité, elles font aussi des activités de reboisement. Les organisations membres d’Africa Coal Network (ACN_Togo), qui sont : ONG Jeunes Verts, les associations Afrique Eco 2100, l’Association des jeunes engagés contre le changement climatique (AJECC), Wash and Environmental Media Alliance (Wema), et l’Organisation des jeunes engagés pour le développement durable (OJEDD) ; soutiennent les efforts de ces femmes.

A la faveur du Projet de renforcement de la résilience des femmes du canton de Landa, celles-ci ont bénéficié des formations sur la biodiversité, les techniques de plaidoyer, la fabrication du charbon écologique, et des dons de jeunes plants fruitiers et non fruitiers qu’elles ont mis en terre dans leurs champs, leurs maisons et dans les espaces publics. L’intérêt des plantes fruitières est qu’elles peuvent donner à manger à la communauté, et l’on peut aussi vendre les fruits pour avoir des revenus.

Le charbon écologique est pour sa part fabriqué à partir des déchets végétaux et d’autres matières. Ce type de charbon n’entraîne pas la coupure d’arbres. D’où son intérêt pour l’environnement. « Avec cette formation, nous avons compris qu’il faut planter des arbres. S’il nous arrive de couper, nous devons reboiser pour remplacer les arbres coupés. Pour un arbre coupé, nous devons planter cinq ou dix. Nous connaissons maintenant l’utilité de l’arbre. Il nous donne de l’ombre et des feuilles pour les médicaments », a déclaré Kondoli Yawa, secrétaire d’un des groupements.

Par exemple, les feuilles, les tiges, les graines et les racines de la plante appelé le Neem, sont des sources de médicament. Les femmes souhaitent obtenir un appui pour la transformation des graines du Neem. « Nous allons sensibiliser les personnes qui n’ont pas eu la chance de suivre cette formation afin qu’elles puissent aussi protéger l’environnement. Si nous maintenons le cap du reboisement, dans deux ans Landa peut redevenir une forêt », a ajouté Kondoli Yawa.

Edem Dadzie, de retour de Landa (Kara)http://www.lepapyrus.tg/

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